Cher journal, aujourd'hui j'ai joué du Punk Rock...

lundi, février 04, 2008

Et si la gratuité de la musique permettait enfin de rémunérer les artistes de façon juste?

Je déteste le mot Gratuit, ce mot qui n'existait auparavant que pour désigner un acte désintéressé (un geste gratuit) a aujourd'hui été dépouillé de son sens par la publicité pour continuer d'imposer des produits ou des idées en reportant les couts sur les consommateurs de façon indirecte.

Ainsi nous recevons 'gratuitement' des prospectus dans notre boite aux lettres, les entreprises qui les fabriquent ne paient même pas leur élimination une fois à la poubelle puisque nous en devenons propriétaire en les trouvant avec le courrier.
Cout de ces déchets par an pour la collectivité (c'est à dire payé par les impôts locaux): 110 millions d'euros.

Pareil lorsqu'on nous offre des échantillons, c'est de la pub et 100% de son prix est reporté sur le consommateur lors de l'achat des produits. En tout par an ça représente 1200 euros par foyer de 4 personnes.

Ces 1200€ que chacun paye comprennent aussi l'édition des journaux gratuits qu'on nous distribue. C'est donc une idéologie que l'on paye à chaque fois que l'on achète un objet vendu par une pub : celle du journalisme qui place les célébrités au même niveau que la paix et qui répète chaque jour le même mensonge croissance=emploi.

Un beau spectacle le bus de nos jours une masse d'autistes protégés derrière le même journal alors qu'ils pourraient s'échanger des titres différents, isolés grâce à leur portable en pianotant sans conviction, c'est quant la dernière fois que vous avez fait causette avec un inconnu dans le bus ?

Le téléchargement permet d'obtenir des chansons sans les payer, l'industrie du disque se bat corps et âme (sic) contre. Mais attendez on parle d'industrie du disque la, quel rapport avec la musique ? Dans le magazine Epok de la fnac, on nous révèle enfin le coût de fabrication d'un CD en Euros (le dernier Thomas Fersen, ce qui concerne la pub est en gras) :

Prise de son : 13 500
Montage : 7 000
Mixage : 19 000
Loc matos : 450
Repas : 1 625
Fournitures (CD vierges, disques durs) : 3 000
Salaires : 75 230 (4 musiciens, une chorale, ingé son, chanteurs, backliner...)
Création graphique : 31 500
Budget de lancement : 12 000 (mini concerts, déplacements télé)
Achats pubs : 140 000
Points de présence magasins : 25 000 (corners, plv, points d'écoute)
Affichage : 22 000
Communication sur les concerts : 45 000
Clip : 40 000
Spot tv : 5 000
Photos presse : 3 000

1er point si ça c'était la norme pour le coût d'un album, alors il n'existerai absolument aucun label indépendant. Heureusement maintenant on peut faire un album de l'enregistrement au pressage avec un ordinateur. Un label connu comme AnotherRecord peut sortir un artiste avec un budget de 1000€.

Second point sur un total de 443 305 euros on en gaspille 323 500 pour le matraquage publicitaire (affichage, payer des gens pour parler du disque à la télévision, à la radio et dans les journaux)!
Dans l'industrie du disque les ¾ du budget sont donc consacrés à imposer un disque au plus grand nombre tout en faisant de l'ombre à ceux qui n'ont pas 300 000 euros pour qu'on les voit partout.
Pendant ce temps dans le monde de la musique les groupes sont connus grâce au bouche à oreille, aux concerts, internet et aux fanzines.

Bref rien à voir ! Pourtant le quidam moyen n'entend parler que de cette industrie puisque dans notre société tout les médias classiques sont justement financés par la pub. Les majors peuvent donc s'inviter à dire « La musique gratuite tue »et pleurnicher sans aucun complexe (voir la réaction d'un artiste à ce sujet).

Au final les artistes non médiatisés, ceux capables de sortir un CD pour moins de 10 000 euros (notre démo nous avait couté 250 euros, pour notre dernier album on s'est offert 4 jours en studio et pressé 500 exemplaires pour moins de 2000€) représentent en terme de parts de marché 5% des ventes de disques en France alors qu'ils représentent au moins 90% des groupes existants!


Un tableau affligeant quant à la diversité du 'marché' musical.

Et pourtant ces 5% représentent des gens qui s'investissent de plein de façons, souvent par passion et souvent de façon gratuite, volontairement ou pas vu que les majors s'accaparent tout l'argent que le public consacre a la musique. En tout cas il ne faut pas chercher a vivre d'une telle passion aujourd'hui (alors que le métier de musicien doit être l'un des moins nuisibles qui soit!).

Un changement important est que des groupes commencent à fuir la SACEM et à mettre toutes leur chansons en téléchargement gratuit sur internet (c'est de la musique libre, souvent sous des licences libres), ça ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas gagner d'argent, au contraire. Comme internet n'est pas encore contrôlé comme le sont les autres médias, les groupes ont là l'occasion de toucher le public qui leur a été confisqué.
Plus encore dans la scène punk/hardcore ce système à un sens grâce à notre soit disant unité; on écoute ce qu'on veut d'abord et ensuite on est libre de soutenir les artistes comme on le souhaite. Ces initiatives se multiplient et les labels jouent le jeu, mes premiers morceaux téléchargés légalement étaient par exemple ceux d'Antimaniax alors qu'ils sont chez HouseHoldName records.

En pratique ce soutien se fait depuis longtemps par l'achat de CD, vêtements et autres lors des concerts, c'est comme ça que je finance mes groupes préférés lorsqu'ils passent dans ma ville, « voilà de l'argent, en espérant que ça vous permette de revenir bientôt ! ». Parfois je ne suis pas fan musicalement d'un groupe mais je suis touché par ce qu'ils sont, je leur achète une bricole et ça me fait un truc à offrir.

Une autre façon plus moderne de soutenir un groupe selon ses moyens est le paiement en ligne, avec sa démocratisation on pourra directement donner ce qu'on veut en trois clicks sans que le groupe ni la personne voulant donner ne paye quelqu'un d'autre.
Tu viens de télécharger un album ? Génial ? Balance 5 euros. Si tes riche file en 20 ! Tas pas une tune tu peux bien lâcher un euro à ton groupe préféré non ? T'aimes pas ? Donne 10 centimes pour l'encourager. Quoi ça fait pingre 10 c ?! Stop, voici une petite mise au point sur le paiement en ligne à travers 2 mondes différents:

Le monde de la musique:
Vous venez de découvrir par hasard un groupe super sur ce myspace libre et sans pub qu'est La Citerne, vous donnez un Euro qui va intégralement à l'artiste. Vous gravez l'album entier que vous venez de télécharger en toute légalité, vous l'écoutez où vous voulez et le prêtez aux amis.
Les artistes que vous avez payé décident à leur façon de partager l'argent avec leur label et autres, c'est leur problème. D'ailleurs certains pensent que ce financement sans intermédiaires est plus efficace que l'achat de CD pour soutenir les artistes hors Majors..

L'industrie de la musique:
Vous cherchez une chanson que vous avez entendu à la radio sur internet. Grâce à l'achat des liens publicitaires le moteur de recherche vous dirige vers Itunes par exemple. Que vous soyez riche ou pauvre il faut payer un euro pour une chanson. Cet euro est repartit entre de nombreux requins et au final l'artiste touchera 3c (soit 33 fois moins que sur l'exemple précédent pour le même investissement de départ!). Vous ne pourrez pas graver de CD à cause des protections anti copies. Vous ne pourrez écouter la chanson que sur un Ipod, légitimé par un budget publicitaire colossal.
Bien sur, les pubs ne précisent pas que ces objets sont fabriqués par un village de 20000 chinoises (plus dociles que les hommes) qui ne quittent même pas leur usine pour dormir. Une fois démodés, les anciens Ipods sont démontés par des Indiennes qui travaillent les mains dans l'acide. J'y pense parfois en croisant des jeunes consommateurs dociles avec le casque au oreilles dans les transports, certains écoutent même du punk.

Si vous donnez 6 centimes direct à un artiste pour une chanson c'est 2 fois plus que ce qu'il recevrai via un site de vente en ligne comme itunes alors que la chanson coute 1 euros !!

On commence à s'approcher de tels systèmes de dons sur le net avec Paypal par exemple (mais c'est pas la panacée car Paypal prélève 56c à chaque transaction). Ainsi des artistes pourront se retrouver avec du financement direct qu'ils pourraient ensuite décider à leur façon de partager avec leur label, studio...

D'autres groupes vont encore plus loin comme les joliment nommés Bomb The Music Industry.
Ils se refusent à sortir le moindre CD et ont malgré tout 4 albums sur internet (ils demandent simplement aux gens qui viennent à leurs concerts d'apporter un CD vierge pour qu'ils leur gravent toutes leur chansons). Aussi ils n'ont strictement rien à vendre, ils apportent juste des feutres et des bombes pour décorer les T-Shirts blancs qu'on leur apporte ! Comment font ils alors ? Ils comptent sur des êtres humains et pas sur des consommateurs, ils ont ce mot sur leur site :
FEED THE MUSIC INDUSTRY!
The catch? Yeah. By not selling merch we SERIOUSLY cut into our ability to eat, drink and sleep on tour. Being that these are functions deemed necessary by the "FDA" and our "FRIENDS", we ask for a little bit of help. If you can let us crash at your house, that'd be dope. If you work at a restaurant or like bringing food to shows, bring us some food. If you are desperately lonely and itching to drink with someone besides yourself, buy us a drink. For real, ya'll, we're poor. We're not making much. Help us out and we'll be able to continue posting all of our songs for free. It's called a SCENE, you guys. Check out MYSPACE IF YOU DON'T UNDERSTAND.


Le monde est tel qu'il est à cause de la façon dont on dépense notre argent. C'est cette prise de conscience que la pub combat férocement en deresponsabilisant les gens.
Vous voulez créer des emplois, c'est facile il suffit de fuir tout ce qui est gros pour le local, on connait l'exemple de la grande distribution qui a tué tout les commerces de proximités (3 emplois de villages détruit pour un emploi créé dans un supermarché en banlieue).

La musique, les livres, les vêtements, tout est pareil, acheter un CD à une major c'est lui donner les moyens démesurés qu'elle possède pour continuer à imposer des produits à un public gavé de pubs.

Bref dans notre cas nous mettons nos chansons en ligne gratuitement, on vend malgré cela pas mal de CD a prix libre à nos concerts et avec l'argent on grave ou presse simplement d'autres CD et on paye péage et essence pour partir en tournée ! Nous on a des boulots mais c'est pas le cas de pleins de groupes que vous croisez sur le net ou les concerts, beaucoup ne veulent pas réussir mais simplement vivre de leur passion et ça ça dépend de nous tous !
Soyons solidaires !

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3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

La gratuité (ou du moins le prix coûtant) c'est la liberté ! Le jour ou les artistes et leur public l'auront compris, alors le paysage musical sera parfait.
Mais bon c'est pas pour demain, hélas :(

Merci pour la note ci-dessous, je viens de télécharger votre album et je me ferais le plaisir de vous le chroniquer dans le PPPzine !
(et une interview ça vous branche ?)

2:22 PM

 
Anonymous Anonyme said...

Salut,
j'ai trouvé ton article par le biais de Dogmazic et je me suis permis de le copier sur mon propre blog. comme je n'y ai pas vu de licence attachée, je l'ai mis sous cc by-sa 2.0

Article bien argumenté.

10:09 PM

 
Blogger Romain Boule said...

bravo bravo

7:01 PM

 

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